Genres, Sexualités, Identités

Freud, inspiré par les rapports du professeur Kinsey, postule une bisexualité physique et psychique inhérente à l’être humain. Il refuse ainsi toute normalisation de la sexualité humaine qu’il placera au centre de la constitution unique et extrêmement complexe à chaque être humain.

Il n’y a par conséquent aucune norme dans la sexualité humaine. Ce postulat psychanalytique se trouve donc fondamentalement opposé à la morale ou la convention sociale, on peut dire qu’il libère l’être humain de l’injonction parentale ou sociétale pour le suivre dans sa quête intime et personnelle sans aucun jugement.

Judith Butler, suivant cette tradition anti-normative de la psychanalyse, maintient cette ouverture et continue à semer ainsi du “Trouble dans le genre” jusqu’à déconstruire totalement tout stéréotype. Où se trouvait un nombre très limité de catégories définies et fixes, nous ne retrouvons que fluidité et multiplicité au sein de l’identité sexuelle et sexuée de la personne postmoderne.

Cependant, Butler reconnaît le fait qu’il serait dangereux d’évacuer tout repère de genre. Elle nous propose d’adapter nos repères: “Nous avons besoin de normes pour que le monde fonctionne, mais nous pouvons chercher des normes qui nous conviennent mieux.”

Dans une ère de nouvelles technologies, les corps changent en fonction de nos désirs, la reproduction aussi. Freud se demandait depuis bien longtemps en quoi consistait la sexualité féminine, ses modes de jouissance et la nature profonde de ce qui la constituait en tant qu’être de désir c’est à dire être sexuel et sexué. Bien sûr sa réponse resta insatisfaisante dans la mesure où le désir féminin fut réduit à la quête du phallus. Lacan pour sa part fit cas d’une dimension mystique de la sexualité féminine, son désir échappant à toujours à l’entendement et l’ordre symbolique.

Toutes ces hypothèses ne sont que des cheminements qui nous mènent à des questions, et nous aident à peut-être nous positionner mieux dans la mesure où chacun d’entre nous possède à la fois un “continent noir” masculin et féminin de la sexualité.